Portrait « L'image de l'aquarelle vient souvent avec celle de la grand-mère. Moi je peins avec beaucoup d'énergie », raconte Valérie Albisetti, artiste peintre et habitante de Cesson. Loin de rester assise à un bureau et de calculer chaque touche de pinceau, cette Bretonne d'origine peint toujours debout, une façon de « me sentir plonger dans les toiles, par les pensées et le corps ». Valérie décide de prendre des cours d'aquarelle il y a neuf ans, lorsqu'elle ressent le besoin de s'évader de son quotidien familial. « Quand je colore mes toiles, je perds la notion du temps sans m'apercevoir parfois que je n'ai pas mangé. » Responsable en ressources humaines à Rennes et mère de trois enfants, Valérie peint chez elle dès qu'elle a cinq minutes. Mais elle peut aussi rester des mois sans toucher un pinceau. « Après ces phases-là, je sens comme une vague créatrice, une impulsion et alors je ne m'arrête plus. » Familière de cette technique à l'eau depuis quelques années seulement, son goût pour le dessin remonte, lui, à une époque bien plus lointaine. « Mon arrière-grand-père peignait sur le bateau Le Paris et vendait ses toiles en arrivant aux États-Unis. J'ai grandi avec ses tableaux accrochés partout aux murs. » Si l'aquarelle est devenue une passion, c'est qu'elle lui procure des sensations très fortes. « Je suis très intuitive de nature et la peinture à l'eau permet de ne pas tout maîtriser. Je jette souvent la peinture sur la toile et alors il y a un jeu qui s'installe, comme un dialogue entre l'eau et le peintre. Tout ce que je ne contrôle pas me permet de créer des choses qui me surprennent. » Si l'eau est un outil, c'est aussi le sujet de beaucoup de ses pièces. « Mon père était marin. J'ai grandi près de la mer et je ne peux pas m'en passer ». Cascades, étangs, plans d'eau, lacs sont essentiels à son inspiration. « C'est pour cette raison qu'il est important pour moi d'habiter près de l'étang, dans le quartier de Bellevue. » De Cesson, elle s'est aussi inspirée du manoir pour créer une autre toile. Elle affectionne particulièrement les paysages naturels mais peint aussi des portraits, des nus, dans le cadre de ses cours au Centre culturel de Cesson, et des animaux. « Surtout des coqs ! Ca me rappelle mon enfance. » Elle peint le dehors mais toujours du dedans car elle se sent gênée par le regard des autres. « Je suis dans mon monde, déconnectée, et la présence d'un autre me déconcentre et coupe le processus de création. » En revanche, elle tient beaucoup à partager ses tableaux. Ce qu'elle a fait à lors d'expositions au manoir de Cesson, au Buroscope ou dans les murs de sociétés. « Beaucoup d'entreprises proposent de prêter leurs locaux à des artistes. Ca leur fait une décoration originale et moi ça me permet d'avoir un retour des visiteurs sur ce que je fais. » Si elle ne vit pas encore de son art, Valérie Albisetti en fait un idéal. « J'expose de plus en plus et ça me permet déjà de réinvestir dans du matériel et de continuer à peindre. C'est l'essentiel. » Jusqu'en septembre, exposition chez Altran, à la Courrouze. De novembre à décembre inclus, exposition au cabinet d'expertise Le Quéré, à Rennes.

Laurène LOTH.